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Séminaire UdeM 2023

Répercussions des années 80 sur l’évolution de l’électroacoustique au Québec
Ancre 1

1.  Préambule

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Des années 80 à aujourd’hui, de grands pas pour l’électroacoustique au Québec, influence de l'état sociétal et culturel de l'époque, l'évolution artistique et technologique, l'intégration des femmes dans un monde exclusivement masculin.

 

L'apprentissage historique, la musicologie, archéologie, l'anthropologie et la psychologie... laissant des traces à transformer,  moduler.  Un retour dans le temps tel un carrousel évoluant peu à peu.  « Les oublié.e.s » de Serge Bouchard ont joué un rôle important dans ma propre compréhension de la nature humaine, ses comportements, l'éducation et les combats qui expliquent tout.

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2.  D'où viennent les tendances ?

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A) CONTEXTE SOCIO-POLITIQUE

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L'anthropologue, Serge Bouchard disait ceci en 1999, (La vie d'artiste, Radio-Canada) :

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« Un être humain n’est rien seul. Il est donc la somme de ce qu’il va apprendre.                                                                      Il va être heureux dans une certaine intégration, dans une certaine stabilité.                                                                            Donc, c’est une relative aliénation. »

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L'être humain a besoin de se surpasser, découvrir, évoluer..  Comme les animaux, il cherche à s'accomplir,

trouver des moyens et se nourrir! Il puisera toujours dans ses ressources antérieures pour progresser. 

Il a besoin de se réinventer.  Ce que les années 80 ont apporté, c'est la somme des découvertes et essais. 

Chaque pas en apporte un autre puis, un jour il y en a de plus grands.

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Exemples socialement : 

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  • Le sort des autochtones (retour dans le passé)

  • Contexte économique

  • Le "Metoo" des femmes (retour dans le passé)

  • La crise étudiante de 68, de retour en 2012 ritournelle)

  • Les guerres de pouvoir (toujours présentes)

  • Les luttes pour l'environnement découlant des marques du passé

  • Le refus global

  • La révolution tranquille

  • besoin d’affirmation, francophonie, révolution et indépendance,

       reflet dans la musique, vers un éclatement, besoin de rallier  les formes

       et créer une force et aboutissement

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Exemples au niveau musical et artistique :

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  • Montage sur rubans vs montage ou édition numérique

  • Harmonisation vs dodécaphonisme, puis, électronique et arts sonores

  • Objet sonore étrange de Basquiat au fonctionnement mécanique (années 80)

       (vs Symon Henry à sa multidsciplinarité)

  • Déformations de personnages ou d'objets en art expérimental

  • Retour du son analogique (reproduction d'appareils, disque vinyle)

       (vs Nicolas Bernier et son ensemble d'oscillateurs)

 

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B) LES TECHNOLOGIES ARTISTIQUES

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  • Léon Theremin et le premier synthétiseur - 1919

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  • Le trautonium et ondes Martenot - 1930

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  • Pierre Schaeffer, Solfège de l'objet sonore - 1948

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  • Art cinétique (Abraham PALATNIK) - 1950

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  • Nicolas Schöffer (ART CYBERNÉTIQUE) - 1950

  • Nam June Paik (ART MULTIMÉDIA) -1965

  • Début des projets interactifs  (Dan Graham) - 1974

  • Au Québec: L'Infonie

  • Explorations sonores (synthétiseurs) :     

       Jimi Hendrix, Pink Floyd...

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Dan Graham, «Time Delay Room» - 2001-2002

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C) LA COUPURE AVEC L'INSTRUMENTATION TRADITIONNELLE

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Il faudrait d’abord définir ce que sont les musiques électroacoustiques et d'où elles viennent.  Je dis bien "les" car il y a plusieurs formes.  Il faut également regarder ce qui se fait ailleurs dans le monde pour bien cibler le fameux "son de Montréal", pas uniquement axé sur le son.  Au tout début (années 50-70)...

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"La musique électroacoustique fixée sur support d’enregistrement se manifeste à nos sens par le sonore et non sous la forme d’une notation symbolique, ce qui lui confère un caractère insaisissable du point de vue de la démarche analytique. Cette musique rompt avec les matériaux sonores classiques des musiques instrumentales, délaisse les échelles de rythmes et de hauteurs et privilégie l’exploration de l’espace sonore, des timbres et du renvoi extra-musical. Comment prend-elle forme chez l’auditeur? Est-elle habitée par une syntaxe musicale."  Stéphane Roy, 2004

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1)   La musique concrète (école française)

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Pierre Henry, Pierre Schaeffer, GRM (François Bayle, Michel Chion, Guy Reibel), Bernard Parmegiani, IMEB (Françoise Barrière), Musiques et recherches (Annette Vande Gorne)...

Nous apportent des paysages sonores, l'acousmatique, des marches d'écoute extérieure...         

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2)   Les sons électroniques et les anglo-saxons

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Elektronische Musik, Cologne avec Herbert EimertHerbert Eimert (1950), Karlein Stauckhausen, Iannis Xénakis (L'exposition universelle de 67),  John Cage... Nous apportent la musique électronique, la musique mixte et la complexité constructive et diversité, ainsi que l'électroacoustique.

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3)  Recherches sur les différents courants et réseaux

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CEC (Canada), Seamus  (États-Unis), l'ACMA (Australie), Sonic Arts Network  (Royaume-Uni)...

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D) LE CONTEXTE NORD-AMÉRICAIN

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Américanisation très forte à partir des années 80. Utilisation surtout de sons synthétisés et appareils plus accessibles.  L'avènement du Hip-hop et les manipulations de tables tournantes (dijing) très en vogue dans les années 80 entre autre. - intégration d'éléments musicaux existants dans les compositions.  Échanges EU-Québec. 

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E) LES INSTITUTIONS UNIVERSITAIRES ET REGROUPEMENTS

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1) Canada anglophone...

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  • Le University of Toronto Electronic Music Studio et Myron Schaeffer (début de 1900)

  • Hugh Le Caine et un  des premiers à toronto et Ottawa (1959)

  • McGill (1964) avec István Anhalt, Paul Pedersen (1971-74), Alcides Lanza (1974), Synclavier

  • Murray Schafer (environnement sonore) et une femme: Hildegard Westerkamp..

  • Kevin Austin (1971), Université Concordia

  • Plusieurs autres provinces ont suivi surtout dans les années 70

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2) Le Québec francophone...

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  • Nil Parent, le premier studio à L'université Laval en 1969 et explorations 1965 (Québec).

     & Centre d'art d'Orford (1979)

  • Université de Montréal, 60-70 avec Robert Léonard, Denis Lorain...

  • Labo d'acoustique et d'enregistrement (Louise Gariépy).

  • Puis, enfin un véritable programme complet mené par Marcelle Deschênes en 1980.

  • Francis Dhomont se joindra au corps enseignant, puis, Jean Piché.

  • Micheline Coulombe Saint-Marcoux tente de partir un studio dès 1971, puis un cours en 1983 suivi de Yves Daoust en 1986.

  • Gisèle Ricard, UdeL

  • Maurice Blackburn (film), Pierre Trochu, Pierre Mercure, Michel Longtin, Philippe Ménard...

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3) Traités et recherches (70-80)

 

  • Nil Parent : : Néologie en marche, Office de la langue française et l’Université Laval, 1980. Il

a aussi fabriqué le synthétiseur 16 π, premier synthétiseur additif à harmoniques désajustables. Puis, en 1989, la resynthétiseur Acxel avec l’intelligence artificielle dans la synthèse des sons.

  • Louise Gariépy : Raccordements des appareils (cours d'enregistrement et d'acoustique)

  • Marcelle Deschênes : Instrumentation électroacoustique et Perception auditive

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3.  Les années 80

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A)  ÉVOLUTION RAPIDE DES TECHNOLOGIES

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- captures et montage manuel (micro-montage)

- multipiste sur ruban

- traitement analogique

- arpégiateur (petites séquences très saccadées)

- écho sur bande et réverbération à ressort (très métallique et limitée)

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Puis, très vite... transformation de la structure d'une oeuvre

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- de grandes trames linéaires...

- séquenceurs plus élaborés de type appareil de composition

- Djing plus présent

- MIDI (1983),une révolution

- synthèse additive

- échanillonneur (jouable sur clavier)

- miniaturisation des appareils

- microprocesseur, mémorisation des sons

- station de travail (Fairlight, synclavier)

- ordinateurs (Atari, Mcintosh)

- sauvegarde par rappel de sons ou effets mémorisés

- début de l'intelligence artificielle

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Pouvoir de s'approprier les timbres et de les modiier.  Il faudra attendre quelques années avant d'avoir accès à l'audionumérisation des sons et de laisser de côté le ruban magnétique graduellement.  Le style musical suivra alors les possibilités techniques bien évidemment. 

 

Il y a une prolifération de studio à Montréal dans les années 70 et 80.  Ex" Studio pro (André Perry) réputation mondiale donne le goût de créer des studios.  Cependant, il est encore très coûteux de construire sont propre studio maison.  Un véritable frein à la création au Québec.  Dès la sortie de l'Université, nous sommes laissés à nous-mêmes.

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B)  PRÉOCCUPATIONS SOCIALE, ÉCONOMIQUE,EXPRESSIVE ET CULTURELLE

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- affirmation identitaire et post-référendum

- revendications des mesures sociales (après le révolution tranquille)

- revendications des autochtones

- désir de créativité et d'expression

- nouvel enjeux: la crise climatique

- désir de sortir des sentiers battus

- désir de délaisser la politique momentanément

- l'époque "Nouvelle vague"

- langage personnel

- mondialisation

- philosophie : "Le monde nous appartient"

- révolution artistique et ramifications du genre électro

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CPROGRAMME COMPLET INITIÉ PAR MARCELLE DESCHÊNES, EXEMPLE FÉMININ

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Elle arrive au bon moment...celui de la concrétisation du style musical. Au moment d'un besoin criant d'un programme d'enseignement et non uniquement des quelques cours de matières connexes ou de regroupements expérimentaux fermés aux étudiant.e.s.  Les femmes seront graduellement représentées dans différentes sphères sonores.  Chantal Dumas, Véronique Marengère (audio-visuel), Magali Babin, Myriam Boucher, Myriam Bleau, Chantal Laplante (art sonore)...

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Son parcours  |   Ma démarche

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AUDITION:

 

DE US IRAE_MARCELLE DESCHÊNES (1985)  / 

MICHELINE COULOMBE SAINT-MARCOUX, CONSTRASTANCE (1971)

 

 

FRANCE JOBIN (couches linéraires)

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TURCOTTE (échantillonage, poste de travail 1986-92)

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D) L'ÉCOLE DE MONTRÉAL 

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Nom donné à un courant, une tendance s'étant développée très rapidement durant les années 80 et qui est devenue une référence en matière d'électroacoustique.  L'acousmatique, façon montréalaise avec des sonorités de la double pronecnance acoustique et électronique sur support.  Une façon différente de sortir des sentiers battus de l'école française. 

Beaucoup de controverses autour de cette appellation que certains attribuent plutôt à Marcelle Deschênes, puisqu'elle est l'initiatrice du programme universitaire et développe une tendance toute autre par l'intégration du multimédia et multidisciplinaire de façon très personnelle.  Ses étudiant.e.s ont été pour la plupart, très influencé.e.s par sa démarche, sans règles obligatoires au niveau de l'écriture et des médiums employés.  Francis Dhomont est plutôt resté dans le style acousmatique qu'il a développé et enrichi à sa manière, et où chaque son est sculpté, poli et organisé dans son ensemble, avec une diffusion multicanal bien ordonnée. Deschênes y allait plutôt de genre théatral, forme et spectacle où le visuel était tout aussi important que les sons et leur spatialisation.  Deux tendances clairement tracées.

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1)  Le genre québécois…

Je pense qu’on qualifie beaucoup cette école  par l’esthétique sonore liée au genre acousmatique (acoustique +
électro). Pour ma part je la qualifierais plutôt de multidisciplinaire et libre d'expression.  Deschênes apporte cette nouvelle dimension à Montréal dans les années 80 par sa diversité artistique et sa polyvalence.  Cette certaine liberté charmera plusieurs musicien.ne.s issu.e.s. de différentes souches musicales.  C'est probalement la raison pourquoi certains prétendent avoir vu arriver des compositeurs faisant surtout dans la pop et le jazz, ce qui n'est pourtant pas le cas pour tous.tes à mon avis.

 

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2)  Acousmatique vs musique de scène, multimédia, performance
 

Des tendances s'affrontent...

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3)  Mes questions sur le genre québécois (*) :

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a)  Qualifier l’électroacoustique par:



Esthétique du son et la manipulation de ses composants ?
 

-  L’aspect plutôt spatial où les deux ?

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-  L’intégration d’éléments multidisciplinaires ou médiatiques à la spatialisation?

 

-  Plusieurs formes dont l'emploi d'éléments numériques, médiatiques et électroniques ?



b) Est-ce que les mots acousmatique, multimédia, robotique ne sont que des moyens   techniques attribués à une sorte d'instrumentation ou font-ils partie intégrante d'une oeuvre comme style musical (strucutre, forme) ?

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3) Questionnement sur les prérequis pédagogiques :


 

Faut-il faire abstraction à la formation musicale générale et ne garder que les bases techniques, acoustique etc. Pourquoi?
 

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                                      IMAGES NOMADES_MACHIN DE MACHINES_FRANCIS DHOMONT (2012) 

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4.  Des générations de compositeurs et compositrices

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Ces divers courants Montréalais nous mènent à la musique nouvelles des années 80 et 90.

Michel Tétreault, Roxanne Turcotte, Pierre Alexandre tremblay, Mario Rodrigue, Mike Roy, Gilles Gobeil, Stéphane Roy, Monique Jean, Jean-François Laporte (facteur d'instruments)... Alain Thibault vers un mouvement plus électro pop (Festival Elektra)...

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Des développements des musiques numériques actuelles dont certains assurent la continuité et les développements universitaires :  Robert Normandeau (acousmatique, application spatialisation), Jean Piché (vidéomusique), et plus récemment: Ana Dall'ara-Majek, Pierre Michaud (musique mixte), Patrick St-Denis (robotique, installation), Martin Messier, Nicolas Bernier...

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Parallèllement : Conservatoire avec Louis Dufort, Martin Bédard / Cirmmt (McGill) / UQAM / Concordia

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A) LE QUÉBEC DES FEMMES

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Il a fallu quelques décénies pour attirer les femmes vers les technologies musicales et les studios d'enregistrement, quelques soit le type de musique.  Certaines ont laissé un legs dans les années 70 et 80 bien évidemment.  Depuis, avec une plus grande place laissée aux musiques mixtes, il y a eu une véritable prolifération. Un parcours beaucoup plus long qu'en Europe cependant. 

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B) LE QUÉBEC ET LA DIFFUSION

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​Des développements au niveau diffusion (années 2000+) : salles équipées en acousmonium et surtout un avancement en nouveaux médias surtout lors de la pandémie avec la Webdiffusion et art Web, fabrication d'instruments, l'écoute binaurale, le développement rapide de logiciels, web et appareils dédiés, plugiciels etc. Exemple: Sonia Paço-Rocchia, Chantal Dumas...

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C) TERMINOLOGIES, INFORMATIQUE

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Terminologie des diverses musiques: numérique, immersive, spatialisée, mixte et improvisation, musique de création, art sonore, paysage sonore, ambisonique...

 

Logiciels pour la spatialisation et nouveaux médias (Dôme, Web...)

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Appareils et logiciels pour la musique mixte en direct (instruments augmentés)

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Multimédia, multidiscipliniare, spatialisation...

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Salle Pierre-Mercure (2021)  / Satosphère (dôme 2019)

https://roxanneturcotte.wixsite.com/conference/audition

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Spatialisation (dôme), visuel, théâtralité et instruments en direct

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QUELQUES EXTRAITS SONORES

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5.  La notation (partitions)

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Partition de : Marcelle Deschênes

        

         Partitions de :  Roxanne  Rox 2

        

Partition de :  Francis Dhomont

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Partition de: Stéphane Roy

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6.  Lectures suggérées (*)


DHOMONT, Francis (1996). Is there a Québec sound?. Organised Sound, 1, pp 23-28
http://journals.cambridge.org/abstract_S1355771896000143

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VALIQUET, Patrick (2017), « Animating the Object. Marcelle DescheÌ‚nes and acousmatic education in Quebec »

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En résumé:

 

On parle surtout de l’apport acousmatique et l’aspect esthétique des sons de l’UdeM, mais peu des autres tendances très progressistes et d’avant-garde. (Installation, multimédia) qu’apporte Deschênes et ses adeptes étudiants:  Alain Thibault par exemple.  O ne parle pas non plus des recherches très technologique des autres universités (anglophones).

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Capture d’écran, le 2023-01-23 à 12.23.29.png
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