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BLOC 2:  Les désordres (Désordres, DVD-A)

Les disparus / la guerre / la révolte

Petit ange 

 

À la mémoire de Gabriel, cet enfant éternel (1997-2011)

«Les mots ne sont plus d’aucun secours…

Le pays imaginaire, cela est entendu,

est une île mais il change de forme à la guise du rêveur qui se promène en lui…»

— Philippe Forest, L’enfant éternel, Éditions Gallimard, 1997

Accalmie après une tempête par un jeu de mélodicas éparpillés sur scène. Tous les 16 du mois, je me souviens… Un ange est né dans ce paradis d’oiseaux et de tristesse. Des voix lui racontent une histoire puis il s’envole au-dessus d’une ville ou d’une île. Il est là et veille sur nous, sur ses parents, sa sœur et ses amis-es. Il a rejoint mon père et mes grands-parents. Il n’est plus seul. Son petit chat y est aussi! J’entends sa voix ricaneuse, puis les souvenirs resurgissent subtilement. À ce moment précis, je pense à ma sœur.

«Mon enfant, accroche-toi à ma voix. Tu l’entends dans l’épaisseur ouatée de nuit où tu t’enfonces. Nous ne te laisserons pas longtemps seul… Prends tout ce qui brille et se détache sur le fond bleu sombre de l’oubli. Endors-toi! L’heure sonne des enfants sages.»

— Philippe Forest, L’enfant éternel, Éditions Gallimard, 1997

Texte de Petit ange

(Oeuvre écrite originalement pour sons fixés et 4 mélodicas, interprétés par R.Turcotte)

Adaptation: mélodica et saxophone (novembre 2022)

Accalmie après une tempête par un jeu de mélodicas éparpillés sur scène. Tous les 16 du mois, je me souviens… Un ange est né dans ce paradis d’oiseaux et de tristesse. Des voix lui racontent une histoire puis il s’envole au-dessus d’une ville ou d’une île. Il est là et veille sur nous, sur ses parents, sa sœur et ses amis-es. Il a rejoint mon père et mes grands-parents. Il n’est plus seul. Son petit chat y est aussi! J’entends sa voix ricaneuse, puis les souvenirs resurgissent subtilement. À ce moment précis, je pense à ma sœur.

«Mon enfant, accroche-toi à ma voix. Tu l’entends dans l’épaisseur ouatée de nuit où tu t’enfonces. Nous ne te laisserons pas longtemps seul… Prends tout ce qui brille et se détache sur le fond bleu sombre de l’oubli. Endors-toi! L’heure sonne des enfants sages.»

— Philippe Forest, L’enfant éternel, Éditions Gallimard, 1997


[Extrait du texte de l’œuvre Fantaisie urbaine (2005) incorporé à Petit ange en 2012-14).]

Lorsque nous marchons, nous suivons toujours un rythme intérieur. Le tempo nous indique une marche à suivre, une émotion, le temps qui passe ou même une histoire remplie d’aventures tumultueuses. Parfois le son des pas nous révèle plutôt une faille dans une vie, un moment douloureux ou joyeux. Chacun y cache ses rêves, ses désirs et ses secrets bien gardés.

Je marche sur un tempo, une mesure. Cette cadence me fait traverser le pont. De l’autre côté, me voici comme Alice au Pays des merveilles. Cette ville est remplie de surprises! Une cour intérieure toute fleurie où des petits chatons tout mignons se promènent. Je suis un personnage de cinéma.

Nous suivons un chemin... Un tempo, une mesure. Le temps est parfois si sombre... J’ai un livre de voyage bien rempli. J’en suis si fière. Chaque ville visitée me transporte au-delà du réel. Je retrouve des climats la nuit lorsque je suis endormie. Toutes les villes ont une mer avec des vagues, même si elles n’apparaissent qu’en rêve. Il y a de l’eau dans la rue et des endroits inusités.

Des climats irréels avec ces vagues qui se jettent sur moi. Elles m’emportent parfois au fond d’un abysse lumineux... Une ville complète. Je suis surprise par tant de vitalité et ces gens si généreux et sympathiques... Nager c’est comme voler. Être un oiseau ou un poisson-volant c’est la même chose. Il est possible de survoler cette ville et d’avoir une vision globale de tout cet univers.

Roxanne Turcotte, 2005, La Muse en circuit, Paris, France

 

Delirium

Le délire («delirium» en anglais) est-il un phénomène inconscient ou lucide? La confusion présente nous met-elle en confusion avec les quelques connaissances ou nous envoie-t-elle dans le monde des cas atypiques, donc incontrôlables? S’agit-il d’un rêve sans lendemain? D’un monde parallèle où quelques souvenirs disparaissent peu à peu? Des semblants de réponses donnent une impression d’équilibre sonore dans la structure musicale de l’œuvre. Cette musique a des dessous, des ondes subliminales… Des voix intérieures rongent les idées.

Parfois, des images cinématographiques douces où de petits animaux gentils et de petits enfants font leur apparition, d’autres moments, ils se transforment en visions terrorisantes. Cherchez et vous percerez le mystère.

Le temps m’a manqué pour trouver des réponses à mes questions… Mon père est parti trop vite. Mais c’était mieux ainsi… Enfin pour lui! Indéniablement, je cherche encore et je trouverai par la voie du monde sonore et de superbes souvenirs marins. Sorte de poésie pour les oreilles.

Capharnaüm

Pour toutes les tentatives de paix passées et à venir! Échec à la guerre…

Musique acousmatique sur le thème des conflits humains pour soutenir les processus de paix dans le monde et afin que tout revienne dans l’ordre un jour… Que ce capharnaüm cesse et que l’on dépose les armes… Des sonorités acoustiques sont empruntées aux événements réels, puis modifiées et mélangées aux sons électroniques. Une disposition anarchique des sonorités dans une structure en grand crescendo et decrescendo, fait entendre des bruits de matériaux, bruits humains, excitation, reportages, tournoiement des sons comme l’émergence d’une tornade et finalement, le désarmement!

Toute en rouge

Un hommage à la jeunesse d’exception de 2012.

«Deux cent cinquante mille personnes, c’est pas l’affaire d’un printemps,

c’est l’affaire d’un peuple, c’est l’affaire d’un monde.»

— Gabriel Nadeau-Dubois (avec sa permission)

Suite à la production d’une trame sonore pour l’événement 10 ans de Guantanamo, 10 heures de prise de parole pour Amnistie internationale en 2012, ma musique s’est graduellement teintée d’une couleur politique en réaction aux aberrations humaines. Tout en rouge est une musique aux préoccupations sociales, politiques et environnementales. De l’acousmatique engagée!

Micro-trottoir

Avec Isabelle Tanguay, journaliste

Qu’est ce qui vous préoccupe?

L’expression «micro-trottoir» qui, comme ‘vox-pop’, désigne de courtes entrevues captées sur le vif, souvent dans la rue, m’a charmée et inspirée.

Micro-trottoir est une œuvre radiophonique qui explore le monde fascinant de la confrontation et est construite à partir d’onomatopées et de voix de gens issus de différents milieux et d’origines ethniques. Ces «micro-trottoirs», réalisés par Isabelle Tanguay, ont recueilli des propos et des divergences d’opinions sur des sujets d’actualité, de modes de vie, de rêves et de désillusions à travers des générations et de personnalités diverses. Des accumulations de mots — pouls du monde qui nous entoure — ont mis en relief la richesse des voix parlées: timbre (aéré, doux, fort, agressif, dynamique, rauque, grave, aigu); accents et langues. La pièce utilise aussi des bruits ambiants réels (rue, parc, café, marché — la réalité); des ambiances créées (le rêve); des transformations électroniques des voix; des sons électroniques; et des rythmiques répétitives.

Zone d'exclusion

Shakuhachi: Michel Dubeau 

Fukushima, 11 mars 2011: séisme, tsunami, catastrophe nucléaire… Toujours instable à ce jour. Une vague imprévue sur l’histoire. Des vies gaspillées par une terre qui a tremblé jusqu’à ce que coule l’irréparable de la bêtise humaine. Le désastre d’un pays ainsi dévasté par la catastrophe. Nous et nos mers sommes les condamnés du nucléaire. La désolation et le cauchemar sont à nos portes. Nous serons bientôt les exclus de la zone radioactive, notre planète. Quelle proportion prendront éventuellement les territoires maudits, la zone d’exclusion?

Des harmoniques émergent du timbre principal (shakuhachi) puis elles volent au hasard du cauchemar pour n’y laisser que quelques notes récurrentes, mélangées au désastre sonnant. Une musique sourde vient nous hanter vers les souvenances de la terre brute. Ce n’est que le bruit des anges que nous captons. Une ritournelle rythmique créée par bouclage de micro-échantillons de shakuhachi et des sons de basses fréquences nous convient à la mort, l’angoisse et le désordre, pour se déconstruire au fil du temps. Tel est le destin des hommes!

Contribution au projet Meanwhile, in Fukushima… — www.fukushima-open-sounds.net — mené par Dominique Belaÿ. La pièce y est webdiffusée depuis le 8 octobre 2013 dans divers pays.

 

Meanwhile, in Fukushima

(VERSIONS 2022)

Meanwhile, in Fukushima.jpg
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